Comme j'aime vous instruire en vous parlant de ce que je fais (jadis, je vous avait parlé du Western Blot avec les gels à la tricine; puis, je vous ai raconté mon anecdote de déversement de TriZol!!!), voici l'Expérience avec un gros E qui me fait particulièrement "suer" ces temps-ci:
LE SCRATCH ASSAY
C'est un moyen de quantifier le potentiel des cellules à migrer. De kossé?
Les cellules, de quelque nature qu'elles soient, ne sont pas toujours statiques. Lorsqu'elles sont en division cellulaire (croissance, réparation tissulaire ou cancer), elles vont se mouvoir pour aller se placer au "bon endroit" dans le corps et aller combler les vides (dans le cas du cancer, parfois c'est plus aléatoire... les cellules vont juste vouloir être all over the place. (Par contre, il ne faut pas confondre "migration" et "invasion", qui sont deux phénomènes qui diffèrent quelque peu; or, je veux pas rentrer trop dans les détails, alors on revient à l'essentiel)).
Donc, en tant qu'étudiante en recherche en oncologie, je m'intéresse à voir si ma protéine d'intérêt a un impact sur la migration des cellules cancéreuses.
Vous êtes encore là?
Une bonne méthode pour parvenir à quantifier cette migration est le scratch assay, ou "essai de recouvrement d'une plaie". Voici les étapes à faire pour y parvenir:
1- On applique le traitement sur les cellules quelques jours en avance pour permettre aux cellules de processer le médicament et/ou l'ajout/le retrait d'une protéine.
2- On ensemence des plaques de culture avec le même nombre de cellules partout et on les laisse pousser jusqu'à ce qu'elles recouvrent complètement la surface.
3- Avec un "tip" (un embout de plastique), on fait une scratch dans les cellules; dans le fond, c'est juste de faire une ligne de bord en bord du pétri pour créer un espace à combler par les cellules.
4- On laisse les cellules migrer 24h, 48, 72h, etc.
5- On fixe les cellules à l'aide d'un agent fixant, comme la formaline ou le méthanol, afin de les photographier et les analyser (la fixation permet aussi de préserver les plaques intactes afin de les conserver longtemps).
Voici de quoi a l'air une scratch à temps zéro, c'est à dire sans que les cellules n'aient le temps de migrer:
Et voici, après 48h, les cellules ayant migré:
Étonnant n'est ce pas? Après seulement 48h, les cellules ont complètement recouvert la zone que j'avais scratchée!
Certains traitements peuvent retarder la migration, ça donne plus quelque chose comme ceci:
Pour quantifier la migration, on utilise un logiciel tel que ImageJ ou Image ProPlus pour déterminer, en pixels, le pourcentage de recouvrement de la scratch.
Il existe aussi d'autres méthodes pour tester la migration des cellules, tel que la chambre de Boyden, mais la scratch reste une méthode très visuelle et facile à faire... en autant que les cellules ne décollent pas en cours d'expérience (mon problème!!!)
Aimez-vous quand je vous fais des posts de science? :P
2 commentaires:
Ça consiste en quoi "fixer" les cellules? Tu fais en sorte qu'elles ne bougent plus? Comment?
@Michel: Merci de poser la question, j'avais oublié de le mentionner! En fait, on utilise un agent fixant, comme la formaline (un dérivé du formol) ou le méthanol. Le protocole de fixation est assez chiant, mais heureusement pour moi, il a été développé et optimisé par une fille du lab il y a quelques années! :)
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